Parce qu'il faut conjuguer économie et écologie, rééquilibrer le « mix » énergétique est une urgence et une chance pour la France.
Veille, argumentaires, riposte
25 novembre 2011
Parce qu'il faut conjuguer économie et écologie,
rééquilibrer le « mix » énergétique est une urgence et une chance pour la France.
En France, l’élection présidentielle est par excellence celle qui prépare l’avenir de la nation.
C’est le moment où il faut anticiper les enjeux du futur pour que la France soit forte et les
Français protégés, dans le monde en pleine évolution du 21ième siècle.
En plaçant le pacte productif au coeur de son projet pour le pays et en inscrivant la
transition énergétique au coeur de sa stratégie de redressement, F. Hollande se montre à
la hauteur du rendez-vous de 2012 et de la fonction présidentielle : il dit la vérité, il mise
sur les atouts de la France, il répond aux problèmes du présent tout en fixant les défis du long
terme. Ce sont les qualités d’un homme d’Etat.
Après Fukushima et alors que les ressources en pétrole s’amenuisent, une prise de conscience
sans précédent s’est opérée dans le débat public sur la place du nucléaire et sur les scénarios
possibles pour la France : c’est au cours du prochain quinquennat que se prendront les
décisions qui engageront la France pour plusieurs décennies.
Parce qu’il en va de l’intérêt national et du développement durable, les citoyens attendent un
débat politique et exigeant : hélas, le Président sortant et l’UMP ont décidé d’en faire un
combat polémique et partisan. Ils osent critiquer la stratégie de long terme esquissée par
François Hollande, alors qu’ils n’ont pas de stratégie : « stop and go » sur les énergies
renouvelables, abandon partiel du Grenelle, querelles de clans sur fond d’échecs
commerciaux…
Il ne suffit pas de s’inviter dans une centrale, comme à Tricastin le 25 novembre, d’exciter les
peurs et de répéter en boucle des contre-vérités pour dire vrai et voir juste. Avec François
Hollande, les socialistes seront responsables pour deux et même davantage : nous faisons des
propositions sérieuses et ambitieuses pour concilier économie et écologie, emploi et
climat, sûreté et modernité.
1/ LE FONDEMENT DE LA STRATEGIE ENERGETIQUE DE FRANÇOIS HOLLANDE, C’EST LA
PREPARATION DE L’AVENIR ET L’AMELIORATION DE LA VIE QUOTIDIENNE DES FRANÇAIS.
Le contexte énergétique mondial se caractérise par de nombreuses incertitudes et
inquiétudes.
Dans la mondialisation, la demande s’accroît : alors qu’il y a dix ans, la Chine ne
consommait que la moitié de l’énergie totale utilisée aux Etats-Unis, désormais elle en brûle 4
% de plus.
Les ressources s’amenuisent : au rythme actuel de la consommation mondiale, les réserves ne
sont plus que de 230 ans pour le charbon, 70 ans pour le gaz, 50 ans pour le pétrole.
Les technologies pour extraire les réserves sont dévoreuses d’énergie : de plus en plus
difficiles à atteindre, elles requièrent souvent des quantités d’énergie supérieures à celles qui
sont produites.
Dans les années qui viennent, l’énergie sera de plus en plus coûteuse car de plus en plus
rare et de plus en plus difficile à produire ou à acheminer. C’est particulièrement vrai pour
le pétrole. Après avoir dépassé les 140 $ au cours de l’été 2008, le prix du baril a baissé au
cours du second semestre 2008, mais il remonte régulièrement depuis. Les perspectives
d’évolution de la demande mondiale portent à croire que cette hausse est durable et va
affecter encore durement la France dans les prochaines années.
En France, la hausse des prix de l’énergie ne s’est pas accompagnée d’une augmentation
équivalente des revenus : les dépenses énergétiques pèsent lourdement sur le budget des
ménages. 3,4 millions de ménages consacrent plus de 10 % de leurs revenus aux dépenses
d’énergie domestique, dont l’essentiel correspond au chauffage du logement. Cette
précarité énergétique n’a pas été combattue depuis 2007, alors qu’elle a conduit à des
situations dramatiques (endettement, problèmes de santé, dégradation des logements).
Dans ce contexte, le gouvernement Sarkozy-Fillon a fait preuve d’une passivité
coupable.
La contribution « climat-énergie » a été abandonnée en 2010, alors qu’il s’agissait d’une
promesse du Président de la République : « La création de la taxe carbone (…) je l’ai signée,
je le fais. C’est une question d’honnêteté » (discours à Artemare, septembre 2009).
La rénovation thermique des bâtiments est insuffisante alors qu’elle réduit les consommations
et améliore le confort autant que le pouvoir d’achat des habitants. La fiabilité du Diagnostic
de Performance Energétique (DPE) a été sévèrement remise en question, de nombreux abus
ayant été constatés sur le terrain, tandis que les dispositifs incitatifs (Crédit d’Impôt
Développement Durable, éco-Prêt à Taux Zéro) sont largement sous utilisés (150 000 en
2011, au lieu des 400 000 prévus) et ont été surtout utilisés par des ménages aisés, et non par
les plus modestes. Ce manque d’ambition vaut aussi pour les bâtiments de l’Etat : le coût de
leur rénovation a été largement sous-évalué au point d’exiger un doublement des crédits
nécessaires pour le gros entretien afin de tenir les objectifs à 2020 du Grenelle de
l’Environnement.
Quant au « bonus-malus » pour réduire les émissions de véhicules neufs, il a été revu à la
baisse et n’est plus assez incitatif pour les particuliers, alors même que les constructeurs
automobiles n’ont pas été suffisamment contraints par l’Etat à ne mettre sur le marché que des
voitures à la consommation économe.
S’y ajoutent d’autres renoncements ou mauvais coups : reports successifs de la taxe poids
lourds et autorisation de circulation des 44 tonnes, rapport Ollier contre l’éolien, coup d’arrêt
au développement de la filière industrielle du photovoltaïque, permis d’exploration des gaz et
huiles de schistes toujours en vigueur – la liste est accablante alors que le Grenelle avait été
un temps fort de sensibilisation et de mobilisation. Le Président sortant a lui-même signifié
son renoncement : alors qu’il parlait d’« urgence écologique » en mai 2008, il déclarait en
mars 2010 au Salon de l’agriculture, que « l’environnement, ça commence à bien faire ».
Contrairement à la droite, nous savons qu’au 21e siècle, il faut concilier et non opposer
économie, écologie et social. Dans ce contexte, préparer l’avenir, c’est ouvrir un maximum
d’options. C’est ce que propose F. Hollande avec volonté, sérieux et esprit de responsabilité.
2/ POUR GARANTIR SON INDEPENDANCE NATIONALE, RENFORCER SON ECONOMIE,
PRESERVER LE LIEN SOCIAL ET CONTRIBUER A LA PRESERVATION DE LA PLANETE, LA
FRANCE DOIT REEQUILIBRER SON « MIX » ENERGETIQUE.
Nous voulons que la France reste une nation souveraine dans la mondialisation et nous savons
qu’elle doit respecter ses engagements européens qui prévoient d’ici 2020 de réduire de 20 %
notre consommation d’énergie et nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de porter à
23 % la part des énergies renouvelables (ENR) dans notre consommation.
Pour y parvenir, notre pays doit relever trois défis en même temps : diminuer sa dépendance à
une seule énergie, qu’il s’agisse du pétrole pour les transports ou du nucléaire pour
l’électricité ; maîtriser ses émissions de CO2 ; y parvenir sans précariser les ménages ni
fragiliser les entreprises.
C’est pourquoi François Hollande propose une transition énergétique sûre, efficace et
durable.
Parce que la première économie d’énergie, c’est l’énergie qu’on ne consomme pas, nous
voulons bâtir la société de la sobriété énergétique.
Nous voulons agir sur le bâti qui absorbe en France 40 % de la consommation d’énergie : à
technologies constantes, la consommation moyenne peut être divisée par 4, dans le neuf
comme dans le rénové, sans perte de confort.
Nous voulons inciter à changer les pratiques de consommation : remplacement massif des
appareils ménagers et informatiques énergivores, responsabilisation des consommateurs par la
maîtrise automatisée des usages, neutralisation de la consommation de pointe, encouragement
à la production décentralisée d’ENR pour la consommation locale, maîtrise de l’urbanisation
et développement massif de la mobilité décarbonée, stockage de l’électricité, réduction des
pertes en ligne – les pistes ne manquent pas ! Bien sûr, ces évolutions doivent être
encouragées et non imposées : à cet égard, la fiscalité devra être rendue plus favorable aux
comportements et aux investissements verts. C’est l’un des piliers de la réforme fiscale que
nous engagerons dès 2012.
Nous voulons aussi diversifier les sources de production d’énergie pour relever les défis
du 21e siècle : le bouquet énergétique doit comporter plusieurs fleurs.
Après le premier choc pétrolier, la France a développé un important parc électro-nucléaire.
Nous en connaissons les avantages (peu de CO2 émis, électricité longtemps moins chère,
sécurité d’approvisionnement), mais nous en savons aussi les risques (accident, déchets).
Notre pays a acquis une expertise internationale unique au monde, tant sur le plan de
l’ingénierie industrielle que des questions de sûreté : c’est un atout pour réussir la transition.
Mais d’autres options technologiques doivent être envisagées pour être à la hauteur des
enjeux en France, ainsi qu’au-delà de nos frontières : la France doit combler son retard en
matière d’ENR.Toutes ont un potentiel énorme dans le monde : éolien terrestre et maritime,
solaire photovoltaïque, solaire à concentration, énergies marines, biomasse. Avec les progrès
technologiques des dix dernières années, il est permis d’espérer que ces technologies pourront
changer le monde énergétique de demain. C’est la transition énergétique que nous voulons et
notre ambition, c’est que la France, ses entreprises, ses salariés, ses chercheurs, en soient
pleinement acteurs et non, comme c’est hélas le cas aujourd’hui, spectateurs. C’est pourquoi
François Hollande propose de diversifier notre « mix » électrique avec d’autres options
que les seuls nucléaire et hydraulique.
Nous proposons de réduire la voilure du nucléaire en France, en ne prolongeant pas certaines
centrales au-delà de 40 ans.
- Lesquelles ? Pour les déterminer, il faut prendre en compte plusieurs critères : l’avis de
l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de sécurité de chaque centrale comme
l’imposent les exigences post-Fukushima ; le contexte sismique et géographique ; les
contraintes du réseau électrique, qui ne permettent pas de mettre fin à n’importe quel point
d’injection sur le territoire ; l’optimisation des coûts de maintenance et de prolongation
d’EDF sur les centrales qui poursuivront leur activité.
- Combien ? F. Hollande s’engage à réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la
production d’électricité à l’horizon 2025. Un tiers des capacités du parc électro-nucléaire
correspond à 24 réacteurs. Toutefois, les fermetures ne seront pas « idéologiques » ou
« mécaniques », mais décidées au rythme de la stabilisation de la demande d’électricité
(sobriété énergétique) et de la compétitivité des énergies renouvelables (diversification
énergétique). Si la demande continue à progresser, même moins vite qu’actuellement, l’Etat
fermera 2, puis 5, puis 8, puis 12 réacteurs et ainsi de suite, en fonction des réalités et des
contraintes. La transition est un trajet, pas un couperet.
- Pourquoi ? Parce que persévérer dans le nucléaire coûte à peu près aussi cher que de s'en
retirer graduellement et développer les renouvelables, mais à vingt ans, pour un coût
comparable – et encore incertain dans les deux cas – la France sera à maints égards bien
mieux positionnée (sécurité d'approvisionnement/positionnement industriel/emploi), dans le
scénario Hollande que dans l’impasse Sarkozy.
- Le devenir de l’EPR de Flamanville s’inscrit dans ce cadre : parce qu’à 50 % de part du
nucléaire, il y aura encore des centrales qui produiront de l’électricité, mieux vaut disposer de
centrales modernes et plus sûres que de centrales obsolètes. Le coût de l’EPR – qui accuse un
retard de quatre ans – atteint désormais 6 milliards d’euros. Sa construction sera préservée à
condition que toutes les règles de sûreté soient respectées.
- Il en va de même pour l’évolution de notre filière de traitement des déchets : elle est
indispensable à la sécurisation de la transition énergétique. Bien sûr, au rythme de la
diminution de la part du nucléaire dans la production énergétique, la quantité de combustible
nécessaire à l'approvisionnement des centrales en activité sur notre territoire (et notamment le
Mox), ainsi que les besoins de retraitement de ces combustibles se poursuivront mais en se
réduisant. C'est pourquoi l’Etat accompagnera cette évolution progressive d'un plan de
reconversion permettant de maintenir le nombre d'emplois, par la mise en oeuvre de centres
d'excellence du traitement des déchets et du démantèlement.
Alors que F. Hollande a une stratégie globale et pragmatique, N. Sarkozy s’arc-boute sur une
vision unilatérale et dogmatique. Le Président sortant est prêt à :
- plomber le pouvoir d’achat des Français en maintenant une société du gaspillage d’énergie,
- brader la sécurité du pays en prolongeant au-delà du raisonnable des centrales
vieillissantes,
- dispenser la France de développer les énergies renouvelables et la rendre dépendante des
pays qui les auront industrialisées,
- s’isoler en Europe alors que la plupart de nos voisins se lancent sans tarder dans le
rééquilibrage de leur « mix » (l’Allemagne, mais aussi la Belgique, la Suisse et l’Italie).
3/ REEQUILIBRER LE « MIX » ENERGETIQUE, C’EST REINDUSTRIALISER LA FRANCE ET
DEVELOPPER L’EMPLOI
Alors que la France a perdu près d’un demi-million d'emplois industriels depuis 2007, la
nouvelle ambition énergétique portée par F. Hollande est un levier pour redresser l’appareil
productif français et soutenir une croissance durable et riche en emplois.
Le nouveau « mix » énergétique va soutenir et amplifier le développement de filières
industrielles innovantes dans les énergies renouvelables qui sont créatrices d’emplois
non délocalisables. Pourquoi M. Sarkozy qui vante tant le modèle allemand refuse-t-il de
s’en inspirer quand il s’agit d’énergie et d’industrie ? En 2009, l’Allemagne comptait plus de
230 000 emplois dans les ENR : 85 000 emplois directs dans l’éolien (11 000 en France),
60 000 dans le solaire (12 500 en France) et 80 000 dans la biomasse (entre 15 000 et 20 000
en France selon qu’on inclut ou les exploitants forestiers).
La diversification du « mix » va accélérer le développement d’une industrie du
démantèlement des centrales. D’ici 2040, un marché mondial estimé à 100 milliards
d’euros devrait progressivement s’ouvrir pour le démantèlement des 400 centrales
actuellement en service et la gestion de leurs déchets. En France, la déconstruction des 9
centrales dites « de première génération », déjà engagée, pourrait être accélérée pour disposer
à l’horizon 2020 de premières références qui imposeront le leadership industriel des
opérateurs français1 dans le monde.
Enfin, le nouveau « mix » énergétique engagé par la gauche et les écologistes relancera
l’activité du secteur du bâtiment. Le chantier majeur et prioritaire, c’est celui de la
rénovation thermique de l’habitat. La rénovation du parc immobilier doit donc être, à l’instar
des programmes engagés en Allemagne et conformément à tous les scénarios de transition
énergétique, une priorité absolue. Elle est un gisement d’emplois industriels durables et non
délocalisables (plus de 300 000 d’ici 2040 et 150 000 d’ici 2020) dans le bâtiment et
l’installation d’équipements performants.
La transition énergétique n’est pas seulement une urgence environnementale : c’est une
chance économique pour l’industrie, l’artisanat du bâtiment et des travaux publics, la
qualification de nos jeunes et la formation des salariés tout au long de leur parcours
professionnels. F. Hollande veut faire de la France un pays de production d’énergies
renouvelables et non un pays d’assemblage des fabrications venues d’ailleurs. Il veut aussi,
en lien avec les collectivités territoriales et les branches professionnelles, mobiliser et
adapter notre outil de formation pour préparer nos jeunes et toujours mieux qualifier les
salariés.
4/ AVEC FRANÇOIS HOLLANDE, LA TRANSITION ENERGETIQUE NE SE FERA PAS AU
DETRIMENT DE LA FACTURE D’ELECTRICITE DES MENAGES LES PLUS FRAGILES ET L’EFFORT
SERA RAISONNABLE POUR LES AUTRES MENAGES
M. Sarkozy ment aux Français lorsqu’il dit qu’avec lui, il n’y aura pas de hausse des prix de
l’énergie car le nucléaire sera amplifié.
Les coûts du nucléaire augmentent déjà avec les investissements nécessaires au
prolongement de la vie des centrales et au renforcement de leur sûreté post Fukushima !
Le gouvernement actuel a prévu une augmentation de 30 % des tarifs d’électricité d’ici 2015
(loi NOME adoptée en 2010) : déjà, les particuliers ont pu constater la hausse de leur facture.
Les prix de l’énergie artificiellement bas en France ont conduit à des choix absurdes : on
consomme plus de chauffage chez nous qu’en Allemagne ! Le nucléaire a accru les
déséquilibres en période de grand froid sans empêcher l’augmentation de notre facture
pétrolière, ni éviter les importations d’électricité en période de pointe en provenance de pays
comme l’Allemagne.
La France n’est pas une île dans la mondialisation : le prix de toutes les énergies fossiles
devrait durablement être cher (pics pétroliers, augmentation de la demande mondiale, taxe
carbone, coûts d’extraction plus coûteux, etc.)
En donnant la priorité à la sobriété énergétique, François Hollande s’engage à protéger le
pouvoir d’achat des consommateurs en les aidant à moins et mieux consommer. De plus, des
mesures de protection pour les 4 millions de Français les plus sensibles à la flambée des prix
de l’énergie seront adoptées (forfait de consommation indispensable pour s’éclairer et se
chauffer à un prix abordable, tarifs progressifs, aides aux travaux d’isolation de l’habitat).
1 Les acteurs français du traitement des déchets (y compris issus du démantèlement) et du recyclage sont STMI
(Areva), Ortec, Daher, Boccard, ONET, Reel, Assystem, CNIM, Socodei (Areva)
5/ M. SARKOZY SE POSE EN DEFENSEUR DE LA FILIERE NUCLEAIRE FRANÇAISE EN GENERAL
ET D'AREVA EN PARTICULIER : POURTANT, C'EST LUI QUI A ABIME CE FLEURON NATIONAL!
M. Sarkozy se pose en défenseur de la filière nucléaire française alors que ses choix pour
l’avenir et son action passée l’ont gravement fragilisée.
A l’international, l’échec d’Abu Dhabi aurait dû servir d’alerte pour l’Etat et le
Président sortant. Fin 2009, le consortium français, composé d’EDF, GDF-Suez, AREVA,
Total, Vinci et Alstom a perdu un contrat de 20 milliards de dollars pour la construction de
deux EPR aux Emirats Arables Unis. Parce que l’offre était trop chère et le produit inadapté
dans le contexte, certes. Mais aussi parce que l’Elysée, depuis 2007, n’a eu de cesse de
désorganiser la filière française, exacerbant les rivalités entre EDF, GDF-Suez et AREVA, et
n’affirmant ni stratégie industrielle ni régulation forte. D’autant que chacun se souvient que
M. Sarkozy, avant de se poser en avocat de la sûreté, était prêt à vendre des centrales
nucléaires à Kadhafi et à promouvoir un nucléaire « low cost » pour remplir le carnet de
commandes de « l’équipe de France du nucléaire ».
En France, le chef de l’Etat n’a cessé de porter atteinte à AREVA, ce champion
industriel français créé par la gauche en 2000. Depuis son élection, ce fut même une
obsession sarkozyste qui s’est traduite par au moins quatre mauvais coups :
- le démantèlement de l'entreprise elle-même avec la vente de la filiale Transmission et
Distribution qui représentait près de la moitié de son chiffre d'affaire, la privant ainsi de
moyens ;
- le refus de recapitaliser AREVA, fragilisant ainsi l'entreprise et l'ensemble de la filière
nucléaire française à l'international ;
- le refus d'autorisation pour AREVA d'investir dans les énergies renouvelables pour préparer
la transition énergétique ;
- la déstabilisation, puis le limogeage d'A. Lauvergeon pour le confort du Président de la
République et de ses amis.
Mais la plus grande menace pour la filière nucléaire française, ce sont les choix
dogmatiques de M. Sarkozy pour le futur. Il est regrettable que le Président de la
République s’obstine à nier l’évidence, à contester que l’accident de Fukushima a conduit un
certain nombre de pays à s’orienter en partie ou en totalité vers une voix différente de
l’énergie nucléaire pour la production d’électricité. Si la demande en nouveaux réacteurs
devrait toujours progresser dans les années à venir, notamment en Asie, elle est nettement
ralentie par rapport aux prévisions précédant la tragédie du 11 mars 2011 survenue au Japon.
Cela aura un impact sur les industriels français du nucléaire, notamment AREVA et les soustraitants,
comme l’ont révélé les récents propos de L. Oursel, PDG d’AREVA, qui a été invité
au silence par le Gouvernement pour cause de pré-campagne électorale.
C’est M. Sarkozy et personne d’autre qui a abîmé AREVA, l’emploi dans la filière nucléaire
française et sa compétitivité à l’international, et ses perspectives de diversification, en
s’obstinant à ne pas voir les conséquences de l’accident majeur de Fukushima. Faute de
stratégie énergétique viable. Faute de politique industrielle durable.